Thème 2023 - 2024 : Le rire

Le rire a toujours paru comme une chose superficielle et légère. Au théâtre, les comédies drôles sont réduites au théâtre de boulevard ; au cinéma, les comédies n’ont jamais mérité un Oscar ou un César. C’est en tout cas ce que pensent certains. Ainsi l’homme vertueux ne rit pas, le religieux non plus ainsi que le philosophe. Rire serait un indice d’orgueil. Dans les programmes de philosophie des classes terminales, le rire ne fut jamais au programme. Et pourtant, réfléchir sur le rire permettrait de mieux connaître les hommes et les sociétés.

Démocrite (460- 370 av. J.-C) est vaguement connu pour sa découverte des atomes et du vide mais on ne vous dit pas l’essentiel : il fut dans la deuxième partie de sa vie un rieur invétéré. Il fut l’unique icône philosophique du rire. Les citoyens d’Abdère dont il était originaire, demandèrent à Hippocrate de l’examiner. Il voulait connaître les raisons de la folie de Démocrite. Diagnostic Hippocrate : Démocrite n’est pas fou, il est lucide. Il voit que tout le monde court dans tous les sens. Ce qui est pris au sérieux peut être tourné en dérision Démocrite serait peut-être mort de rire s’il avait pu entendre le cri de détresse du milliardaire italien Rizzoli au moment de sa mort : « je ne peux pas mourir, je suis l’homme le plus riche d’Europe ». Démocrite n’est pas dans la liste des philosophes officiels mais il a offert un nouvel objet philosophique : le rire.

De nombreux siècles plus tard, l’humoriste Raymond Devos fera un diagnostic similaire à celui de Démocrite. Nous pourrons étudier son texte : « pourquoi ces gens courent-ils comme des fous ? Parce qu’ils le sont. Vous êtes dans une ville de fous mais vous n’êtes pas au courant ». Devos se situe parmi ceux qui courent. Il ne rit pas, mais nous fait rire.

Démocrite rit aux éclats mais ne nous fait pas rire. Le philosophe a pris ses distances vis-à-vis des autres et il a oublié la joie de vivre.

Nous découvrons divers aspects du rire : le sarcasme, le ricanement. A leur source, la froideur de l’intelligence : type de rire que l’on trouve par exemple chez Molière, chez Voltaire, chez Swift. C’est l’humour. Rappelez-vous ces hommes enfermés dans la caverne et qui ne comprennent pas ce qui leur arrive. Le philosophe Socrate veut sortir de la caverne pour accéder à la vérité. Il nous dit qu’il ne sait rien, mais qu’il ne sait qu’une chose : qu’il ne sait rien. Vous trouvez ici une autre forme de rire, l’ironie, c’est le rire socratique.

Les analyses du rire sont très variées et multiples, de Platon, Spinoza, Nietzsche à Freud et Bergson en passant par nos humoristes contemporains : nous lirons et analyserons leurs textes les plus significatifs et nous essayrons de répondre aux questions. Pourquoi rit-on ? De quoi rit-on ?

La diversité ne vient pas seulement de leurs histoires individuelles mais de l’époque où ils vivent. Et ce sera peut-être le meilleur cocktail antistress : notre cerveau libère des neurotransmetteurs, la sérotonine qui régule notre humeur, la dopamine qui génère du plaisir et des endorphines qui diminuent l’ anxiété.

La Bruyère avait tout compris : « Il faut rire avant que d’être heureux de peur de mourir sans avoir ri ».

Philosophes concernés : Socrate, Platon, Démocrite, Voltaire, Molière, Spinoza, Nietzsche, Freud, Bergson, Swift.

Lundi de 14 h 30 à 16 h (Consulter le Planning)
Salle des conférences (sous la mairie)
Mercredi de 14 h 30 à 16 h, Salle des conférences sous la mairie (Consulter le Planning)

Gratuit pour les adhérents

Nicole Colas
nicolecolas56@gmail.com
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